Réincarnations

Qui est le prochain ? demande le Juge Céleste.
Son assistant consulta son registre.

— Vexx Shade. Elle est dans le circuit depuis 27 640 ans.

Le bureau où se trouvaient les deux hommes était plein de papier, de classeurs et une étagère couvrait un mur entier. Ils s’apprêtaient à juger la quatre millième âme du jour, la dernière.

— Tu as son dossier ?

L’assistant sortit vingt deux classeurs de l’étagère, après avoir cherché les références du classement sur une note qu’il tenait dans la main. Il étala les classeurs sur le bureau et les deux hommes se regardèrent avec étonnement.

— Je sais bien qu’on prend en compte tous les péchés depuis la naissance de l’âme, mais là…

— De ce que je vois, dit l’assistant en tournant plusieurs pages rapidement, elle a été tatouée quelques temps après la rédemption de Lucifer. Vexx Shade avait participé à la Guerre Céleste, avant d’être enfermée et réincarnée. Depuis, elle a participé à plusieurs guerres sur des mondes habités. On recense une centaine de meurtres au cours de ses nombreuses vies. Apparemment, elle s’est visiblement calmée il y a 1 400 ans, même si quelques péchés viennent entacher ses progrès.

Le Juge Céleste s’assit sur sa chaise et inclina le dossier en arrière.

— J’en ai marre ! tonna-t-il. Aucune planète ne mérite d’être souillée par ces âmes ancestrales. Au lieu de réincarner ces anciens rebelles, nous devrions construire de nouvelles Prisons Célestes et les accompagner vers le droit chemin, celui du Grand Archange Suprême ! Bon. Vexx Shade, matricule FDZ458-B. Qu’a-t-elle fait au cours de sa dernière vie ?

L’assistant prit quelques secondes pour lire le compte rendu de la dernière réincarnation de Vexx. Puis il hacha la tête de gauche à droite.

— Elle était membre d’un groupe d’extrémistes, pour un parti écologique sur un monde primitif nommé Torihane, dans le secteur 67 à proximité de la Nébuleuse d’Urah. Là-bas, plusieurs manifestations ont terminé en émeute. Elle est morte au cours d’affrontements avec les autorités locales.

Le Juge soupira.

— Bon, fais-la entrer qu’on en finisse pour aujourd’hui.