Il y a 970 600 ans
Le dernier espoir des biologiques, Aeden, fut exterminé ?
Tant de temps.
Tant de rituels.
Tant de passions.
Tant de précautions.
Tant de pouvoir.
L’avènement de l’Empire. L’esclavage des Robotiques.
Le développement d’Aeden.
Le sacre de l’Empereur.
Les colonnes du temple de Bedel.
Les dômes de Kyros.
Les pavés transparents de la cité-lune.
Ce monde si ancien et si riche, fruit de millions de mains,
de millions de rêves,
de millions de souffrances.
Tant de luxe.
Tant d’Histoire.
Jusqu’à ce jour attendu.
La fin commença par un son épouvantable qui emplit l’air, vrillant les corps et les âmes.
Le bruit de la destruction, chaos d’armes, de pierre et de métal.
Le monde s’imprégna d’une odeur de soufre et la lumière disparut, le ciel et la terre se confondant l’un l’autre en une vapeur brûlante.
Alors le vent se changea en feu et le feu se changea en un long hurlement.
Les bêtes à leur tour périrent dans une fuite vaine, et avec elles toute la nature.
L’oeuvre des hommes s’écroula dans un craquement brutal dont le vacarme dispersa les fumées ardentes puis, enfin, se tut.
Lentement, une neige noire commença alors à tomber des cieux encore chargés de feu.
Et dans l’atrocité de ce jour englouti par les ténèbres, le silence devint pire que le bruit.
Un silence lourd et oppressant.
Le silence dans lequel, lentement, méthodiquement, les Robotiques cherchaient un par un les survivants dont le souffle ou les battements de coeur suffisaient à trahir la présence au milieu des décombres.
Muets, sans expression, les Robotiques s’avançaient vers eux.
Sans précipitation.
Sans émotion.
Dans les ruines de la salle du trône, l’Empereur d’Aeden, à genoux, essayait de se relever.
Il voulait montrer sa dignité. Son courage. Son rang. Oubliant qu’en face de lui, aucune conscience ne pouvait estimer son geste.
Un Robotique indiscernable des autres avançait doucement vers lui.
Le premier tir vaporisa son bras, le faisant retomber au sol.
Derrière lui il aperçu, fumant, le trône qu’il occupait jadis.
Où était l’honneur ? Où était la grandeur ?
Le deuxième tir le coupa en deux. Le Robotique ne s’arrêta pas, cherchant d’autres survivants.
Texte : A.J Santacroce / Illustration : Abhay Patrap Singh