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Romance

Il y a 974 000 ans

Lucifel a-t-elle été sauvée par un renégat ?

Moi, Lucifel, Haute Commandante de l’Armée Impériale, j’allais finir broyée entre les griffes de ces satanés sacs de fers.

Nous devions reprendre le contrôle d’un avant-centre Robotique, dans le système 407-D, à proximité de Vayo. Mais lorsque nous sommes arrivés au point de rendez-vous, une horde de Robotiques surgit de nulle part. Ils nous attendaient, prêts à nous anéantir.

Comment avaient-ils été au courant ? Je ne le sais pas. La mission était ultra secrète. J’ai fait de mon mieux pour les repousser mais ils étaient bien trop nombreux. L’adjudant Tatkhan est tombée la première. Les Robotiques tirèrent une toile de répulsion pour nous empêcher de déployer nos ailes.

Je luttais de toutes mes forces, mais je dû prendre la fuite avec le reste de l’équipe. Les Robotiques nous prirent en chasse et refermèrent leur piège. Rapidement, nous étions encerclés par des centaines de Robotiques.

Que pouvais-je faire ? Rien. L’issue était certaine. Mais je regardais la mort dans les yeux électroniques de ces machines. Jusqu’au bout, je ne laisserai pas une victoire facile. Le capitaine Doras et le sergent Makiel furent démembrés sous mes yeux. Entre deux recharges, je pensais au traître qui nous avait vendu. Qu’espérait-il ? Un sursis ? Les Robotiques finiraient par détruire ou asservir toutes les espèces biologiques.

Je n’avais plus rien à perdre, j’ai activé la lame astrale de mon épée. Son énergie me redonna de l’espoir. Tout est devenu fluide, mes mouvements étaient rapides, puissants. Je découpais les Robotiques comme si je tranchais du beurre. Mais ce n’était pas suffisant. Ils étaient trop nombreux. Et beaucoup trop préparés contre notre escadron. Nous avons continué à fuir et trouvé un refuge avec un bon couvert.

Mais les colosses Robotiques commencèrent à pilonner nos positions. Il ne nous restait plus que quelques minutes à vivre. Nous n’étions plus qu’une poignée, submergés par des machines qui ne cessaient d’affluer. Dans les yeux de mes coéquipiers encore vivants, je pouvais ressentir leur peine et leur haine. Nous avions tant combattu. Tant de guerre, tant de sang, tant de débris. Notre mission était un échec. Les Robotiques avaient percé le Rempart. L’humanité toute entière allait s’effondrer.

Les vibrations de l’air changèrent et un immense tonnerre éclata. Le souffle nous projeta tous à terre. Mais en ouvrant les yeux, je vis l’immense vaisseau du capitaine pirate Mephis 21, La Goetia. Il avait effectué un saut quantique en se rematérialisant à seulement quelques mètres du sol. Je n’avais jamais vu ça. Les colosses le prirent pour cible et le vaisseau répliqua. Le sol tremblait et les explosions retentissaient tout autour de nous.

Une bombe électrostatique éclata près de moi, neutralisant la dizaines de Robotiques qui bondissaient sur ma position. Mes tympans brûlaient, mes yeux furent aveuglés, mon corps ne réagissait plus.

Lorsque je repris mes esprits, Mephis 21 combattait au sol, tournoyant sur les Robotiques avec sa puissante double-lame énergétique. D’ennemis en ennemis, il bondissait, impossible à arrêter. Comme s’il dansait, ses coups étaient gracieux, précis et les machines s’écroulaient après chacun de ses pas.

”Tu peux marcher ?” me demanda-t-il tout en continuant ses acrobaties.

Non sans peine, je me relevais. Son regard a ce moment me perça.
”Goetia, rappel et décollage!” commanda-t-il avec force.

Le vaisseau projeta une dernière décharge qui balaya les Robotiques autour de nous. Mephis me prit par la main et m’entraina dans son vaisseau. Les quelques membres encore vivants de mon escouade suivirent, puis la Goetia effectua un nouveau saut quantique pour s’échapper. La légende disait donc vrai, son vaisseau était capable d’effectuer deux bonds en si peu de temps.

Une fois à bord, Mephis 21 s’improvisa secouriste et pansa mes blessures.

”Cela faisait longtemps, Lucifel”, me dit-il, avec un sourire à la fois moqueur, séducteur et sévère.
Il avait raison. Nous ne nous étions pas revus depuis au moins deux siècles. Quand j’étais montée en grade, j’avais dû prendre mes distances avec ce renégat. Il m’en voulait sûrement encore, mais il déposa une flasque d’hydromazarelle sur la table.

”Cela va te faire du bien, repose toi”, me lança-t-il avant de sortir de la cabine.

Deux jours plus tard, j’étais encore à bord de son vaisseau, en direction d’Aeden. Je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qui serait arrivé s’il n’avait pas été là pour me secourir. Mais nous avions des choses plus importantes à gérer. L’avenir était devenu sombre, le Rempart était brisé. Nous ne ferions plus face à une guerre, mais à l’apocalypse. Sans un miracle, l’humanité et la plupart des espèces biologiques allaient disparaitre, laissant place aux espèces artificielles.

Un jour de paix ne serait plus qu’une vulgaire illusion, un lointain souvenir. Un mélange de haine et de tristesse s’empara de moi. Une larme s’échappa de mes yeux humides et coula sur ma joue. Réputé insensible, le capitaine Mephis 21 s’approcha pourtant de moi. Il l’essuya avec une douceur qui ne lui ressemblait pas.

Je regardais le fond de ses yeux, sincères et pleins d’empathie. Lentement, il se laissa glisser sur moi, pour m’offrir le baiser le plus intense, le plus inattendu et le plus majestueux de ma vie. Au milieu d’un monde qui s’écroulait, l’espoir revenait dans mon coeur.

Texte : D. Posh / Illustration : Abhay Patrap Singh

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